LE JEUNE LOUP DE MER SÉBASTIEN BIOLCHINI, UN MARIN AGUERRI !

« Être marin, c’est un sentiment qu’on a au fond des tripes, c’est viscéral. Il faut être né avec l’odeur du poisson dans les narines pour pouvoir la supporter toute sa vie. » 

Le télégramme ©

C’est à la criée d’Audierne que nous allons chercher notre raie Qwehli fraîchement débarquée de la pêche du jour à bord du Mestelen, bateau fileyeur appartenant à Sébastien Biolchini. 

C’est après 12 heures en mer que Sébastien Biolchini, patron marin pêcheur se prête volontiers à notre jeu de questions réponses et nous embarque dans ses filets.

Chez les Biolchini, la pêche est une affaire de famille. Pourtant, Sébastien ne s’est pas tout de suite orienté vers ce métier. La décision d’humer quotidiennement les embruns et de quitter le petit port finistérien d’Audierne pour aller pêcher la raie, il l’a prise il y a une quinzaine d’années, à l’âge de 20 ans.

Les courants du raz de sein, les coups de vent et la houle, ça il connait ! Il les défie chaque jour à bord de son Mestelen, bateau de pêche fileyeur de 11,98 m en compagnie de ses trois salariés et de son intrépide petit chien, un jack russel du nom d’Émile.

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« Nous pêchons à la journée le long des côtes bretonnes. Nous alternons nos prises en fonction des saisons. L’été, notre spécialité c’est la pêche à la raie. L’hiver, nous pêchons plutôt du lieu, de la daurade, du merlu et quelques autres poissons nobles comme le turbot. Sur ce type de pêche, nous utilisons des engins dormants, c’est-à-dire que nous posons les filets 48h à l’avance à une cinquantaine de kilomètres de la côte. C’est une fois le poisson dans les filets que nous allons les relever. Sur chaque installation, il y a deux cordes, une avec du liège pour qu’elle flotte, l’autre avec du plomb pour aller dans le fond.

La raie c’est un poisson de fond solitaire, pour la trouver, nous devons faire preuve de patience et travailler sur la longueur. Le maillage des filets est primordial dans cette technique de pêche et il diffère selon le type d’espèces que nous ciblons. Pour la raie douce, en l’occurrence, nous utilisons des filets avec un maillage de 135 cm et d’environ 50 mètres de long. Par jour, nous pouvons remonter jusqu’à 200 filets. »

UNE JOURNÉE TYPE À BORD DU MESTELEN ?

« Elle est rythmée en fonction de l’heure de la vente du poisson frais. A Audierne, elle débute sur les coups des 16h. C’est pourquoi, nous commençons tard dans la nuit ou très tôt le matin. Nous quittons le port aux alentours de 3—4h. Il faut compter 1h30 de navigation pour atteindre les filets que nous avons déposé l’avant-veille. Mon rôle consiste à avoir les yeux partout même derrière la tête !  Lors de la manœuvre je dois stabiliser le bateau, être vigilant et prêter attention à ce que nous remontons. Le danger est omniprésent sur un engin de pêche…  Le filet peut très bien se coincer dans l’hélice ou une blessure peut très vite arriver.

Une fois l’intégralité des filets remontés et reposés et une fois seulement la pêche assurée, nous retournons au port pour vendre le poisson du jour à la criée. »

QUAND AVEZ-VOUS APPRIS À NAGER ?

« Bien souvent, nous entendons dire que nos anciens ne savent pas nager… Pour ma part, j’ai appris à nager dans mon enfance.  Et puis maintenant, pour faire ce métier, nous devons obtenir le certificat des 50 mètres de nage. D’autres diplômes d’ordre médical et de sécurité sont également exigés. »

QUE VOUS ÉVOQUE QWEHLI ?

« Qwehli, c’est une belle alternative au frais. La pêche c’est quelque chose de cyclique parfois l’offre et la demande ne corrèlent pas et il arrive qu’il y ait trop de poisson pour la demande du frais… C’est donc intéressant de savoir qu’il y a des entreprises qui jouent le jeu et qui grâce à leur savoir-faire valorisent toute la filière. Surtout avec des beaux produits comme la raie… ça fait plaisir de savoir qu’elles sont destinées à être sur les plus belles tables du monde. »

SI VOUS ÉTIEZ UN PRODUIT DE LA MER ?

« Une sirène ..! [rire] Non plus sérieusement je dirais peut-être un mammifère marin pour son côté majestueux ou un bon poisson à manger ? Non, allez je vais dire un homard, comme ça je pourrai me défendre avec mes pinces ! »

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« Un bon ragoût de homard ou une langouste grillée, au choix ! »